La Marne

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La Marne (1re partie)

"Muse, suis mes pas dans cette contrée
Où la Marne désespérée
D'abandonner sitôt Saint-Maur
Dès qu'elle en est séparée
Retourne pour le voir encor."
Marquis de La Fare (1644-1712)

La Marne naît sur le versant Seine du plateau de Langres, dans le village de Balesmes (Haute-Marne) à une altitude de 419 mètres, dans la grotte de Sabinus. Elle parcourt 525 kilomètres à travers la Champagne et la Brie avant de se jeter dans la Seine à Charenton. Juste avant, l’éperon rocheux du Vieux Saint-Maur l'oblige à détourner son cours. Elle érode alors les coteaux de Chennevières et de Sucy-en-Brie pour y creuser son lit. C'est dans ce dernier méandre de douze kilomètres que se niche notre ville. Mais la Marne n’est pas une rivière au cours paisible ! A son impétuosité naturelle s’ajoutent les caprices de l’un de ses affluents, le Grand Morin, pour le malheur des mariniers et des riverains…

Une rivière à franchir…

Jusqu'en 1867, seul le bac de La Varenne permet aux hommes, aux chevaux et aux carrioles de franchir la Marne en toute sécurité. Il est utilisé notamment pour le transport de marchandises car la Champagne approvisionne Paris et le commerce est très actif. Mais le bac coûte cher ! Les habitants s'en sont d'ailleurs plaints dans leur Cahier de doléances du 14 avril 1789. Des passeurs proposent aussi leurs services, mais le tarif reste élevé. Certains traversent en barque, au risque de se la voir confisquée car c'est interdit. 
Si bien que l'habitude d'emprunter des gués ne s'est pas perdue, malgré le danger, car courants et tourbillons agitent la rivière, formant des bancs de sable qui disparaissent pour réapparaître plus loin. Les noyades sont nombreuses.

L'octroi

Signalé dès le XIIe siècle, l'octroi est une contribution que perçoivent les municipalités. Il s'applique aux personnes, aux animaux et aux marchandises qui entrent sur leur territoire. Les produits les plus rentables sont l'huile, le vin, le café et le sucre. Chaque accès, porte ou pont, est contrôlé.
La construction des cinq ponts de Saint-Maur entre 1841 et 1911, ainsi que des passerelles du Halage et de La Pie, en 1898 et 1913, simplifie considérablement le quotidien des habitants et des commerçants. Mais s'ils ne paient plus le passeur, ils acquittent l'octroi, et ce n'est pas négligeable ! Saint-Maur compte neuf bureaux tenus par des préposés rémunérés par la municipalité.
L'octroi est supprimé le 27 avril 1894 sur le pont de Champigny (la maison du préposé devient alors une guinguette !) et le 13 mars 1900 sur le pont de Chennevières. Les sept autres bureaux disparaissent avant 1939.

Le pont de… la Branche-du-Pont !

Le premier pont de Saint-Maur est celui de… Joinville ! Il est construit dès 1205 à la hauteur du hameau qui prend alors le nom de La Branche-du-Pont et qui deviendra en 1831 une commune indépendante sous le nom de Joinville-le-Pont.
Cet ouvrage en bois est le premier d'une longue série. De nombreux ponts successifs sont construits puis démolis par les caprices de la Marne ou les accidents de navigation. Ces ouvrages portent des noms divers : pont Olin, pont aux Moulins, pont de Saint-Maur, et, depuis 1835, pont de Joinville.
Le pont actuel, en béton, a été ouvert à la circulation en 1943. Il compte une arche de 78 m sur le grand bras de Marne, une arche de 40 m qui enjambe l'île Fanac et une petite arche de 38 m.

Batellerie et meunerie

Un cours aussi irrégulier ne favorise pas la navigation. La rivière coule trop rapidement l’hiver… et manque d’eau six mois par an ! Toutefois la batellerie et la meunerie se développent, bien que ces deux activités ne soient pas toujours compatibles. En effet, il n'est pas rare que des péniches, entraînées par le courant, viennent heurter les ponts qu'il faut alors réparer, voire reconstruire.
Les moulins, adossés aux piles des ponts et qui fonctionnant à la force du courant, ne sont pas non plus épargnés. Quant aux "marnais", lourdes barges de trente mètres de long capables de porter cent cinquante tonnes et traînant parfois un train de bois, ils n'empruntent guère la Marne qu’au printemps et à l'automne, quand ils peuvent sans danger glisser au fil de l’eau.

Le chemin de halage

Halés le long de la rive concave, plus courte, les bateaux contournent la boucle de Saint-Maur, soit 12 kilomètres, pour approvisionner Paris. Selon les ordonnances royales, ce chemin de halage ne doit opposer aucun obstacle à la progression des chevaux : plantations d’arbres et de haies y sont interdites. Mais les riverains ne respectent pas toujours ces ordonnances, et les bateliers, obligés de dételer, perdent un temps précieux.
Le trafic augmentant, un premier projet de canal voit le jour dès 1775… et tombe à l'eau ! En 1794, il renaît sous la forme d'un canal en tunnel entre Joinville et Saint-Maurice, en vain ! Mais en 1808, Napoléon 1er signe le décret. Les terrains sont achetés. La construction commence en 1810 sous la direction d'un ingénieur, Emmery des Septfontaines. Le 15 janvier 1811, Napoléon visite le chantier et en profite pour faire une partie de chasse dans le bois de Vincennes…
Illustration : Le halage, par Paul Baudoüin
Toile marouflée de la salle des mariages

Le canal de Saint-Maur

En 1821, le canal, long de 1 072 m dont 597 m en tunnel, est ouvert à la navigation. La voûte est à six mètres au-dessus de la retenue normale des eaux de la Marne. Une banquette de halage de 2 m de large court dans la partie voûtée.
Cet ouvrage est inauguré le 10 octobre 1825 sous le nom de "Canal Marie-Thérèse", fille de Louis XVI. En 1841, le maire de Joinville, Nicolas Pinson, demande qu'il soit dénommé "Canal de Joinville-le-Pont". Mais le Préfet de la Seine refuse et lui donne le nom de "Canal de Saint-Maur".
Les portes et le tunnel ont été modernisés en 2011 afin de réduire le temps de passage de l'écluse dont le dénivelé est de 4,50 m entre l’amont et l’aval. Ce canal voit passer en moyenne 18 bateaux par jour, soit environ 5 000 bateaux de commerce et 1 400 bateaux de plaisance par an.

Localisation

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Dernière mise à jour : 14 janvier 2022

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